cœur

Voir aussi : coeur

Français

Étymologie

(1048) Du moyen français coeur, de l’ancien français cuer, coer, quer, quor, du latin cor, génitif cordis (« cœur, estomac »), de l’indo-européen commun *ḱḗrentrailles »). Apparenté à l’anglais heart ou l’allemand Herz, au grec ancien καρδία, kardía  cœur »)[1], qui a donné de nombreux dérivés en « cardio- ».
Étymologiquement parlant, on fait donc référence à une très ancienne origine du mot quand on dit que l’on a « mal au cœur » et que l’on désigne par là un ventre récalcitrant ou un estomac écœuré.

Nom commun

SingulierPluriel
cœur cœurs
\kœʁ\
Anatomie du cœur de l’homme et circulation sanguine.
L’homme à la main sur le cœur (2), par Hals
Symbole en forme de cœur (12)
Dame de cœur (14)
Le cœur d’un aiguillage. (20)

cœur \kœʁ\ masculin

  1. (Anatomie) Organe musculaire, creux et pulsatile assurant la circulation sanguine dans le corps humain ou animal.
    • Après irrigation de l’organisme, le sang revient au cœur par les veines, puis il est envoyé aux poumons. Le compartiment droit du cœur est de taille inférieure à celle du compartiment gauche parce que le travail qu’il fournit pour envoyer le sang dans les poumons est moins important que pour l’envoyer dans tout l’organisme. À chaque battement de cœur, les muscles se détendent, ce qui permet le retour du sang dans le cœur. Puis les muscles se contractent de nouveau pour envoyer le sang dans toutes les parties du corps et le circuit reprend.  (Bill Forse, Christian Meyer, et al., Que faire sans vétérinaire ?, Cirad / CTA / Kathala, 2002, page 41)
    • Le crapaud a la vie très dure. Il survit plusieurs heures à la décapitation, plusieurs jours à l’avulsion du cœur, quarante jours à l’ablation des poumons, plusieurs semaines à l’amputation du museau en arrière des yeux.  (Jean Rostand, La Vie des crapauds, 1933)
    • La respiration demeure calme, le cœur est encore bon, mais le sang lui dégouline du crâne sur le nez, dans les yeux, poisse la chemise.  (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
  2. (En particulier) Organe considéré comme susceptible de mouvements causés par les passions.
    • Le cœur en émoi, secouée de pressentiments inquiets, Zaheira se vêtit et gagna le village voisin sur un âne.  (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans « Trois contes de l’Amour et de la Mort », 1940)
    • Son cœur ne se serrait pas, n’était pas plus ou moins flétri ; non, sa nature fraîche et fleurie se pétrifiait par la lente action d’une douleur intolérable parce qu’elle était sans but.  (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
    • Rien n'est plus malaisé que l’exploitation méthodique d’un évènement du cœur, rien ne s’amortit plus vite que les ondes d’un coup de foudre.  (Paul Nizan, La Conspiration, 1938, p. 44)
  3. (Par extension) Être aimant et aimé.
    • Depuis longtemps il cherchait en vain un cœur capable de l’aimer pour lui-même, et s’affligeait de ne pouvoir le trouver.  (Marie-Jeanne Riccoboni, Histoire d’Ernestine, 1762, édition Œuvres complètes de Mme Riccoboni, tome I, Foucault, 1818)
  4. (Par métonymie) Partie de la poitrine où les battements du cœur se font sentir.
    • Il le pressa, il le serra tendrement contre son cœur. - Mettre la main sur son cœur.
  5. (Par extension) (Familier) Estomac.
    • Mal de cœur. - Il a mal au cœur. - Il a le cœur barbouillé. - Cela lui fait mal au cœur. - Il est sujet à des maux de cœur. - Cela lui fait soulever le cœur.
  6. (Figuré) Organe considéré comme le siège de la sensibilité morale, des sentiments et des passions.
    • Bois-Guilbert, répondit la juive, tu ne connais pas le cœur des femmes […]  (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • C'est à l'idéologie, […] qui, […] , veut sur ses bases fonder la législation des peuples, au lieu d'approprier les lois à la connaissance du cœur humain et aux leçons de l'histoire, qu'il faut attribuer tous les malheurs qu'a éprouvés notre belle France.  (Procès du général Malet, dans Causes célèbres du XIXe siècle: rédigées par une société d'avocats et de publicistes, Paris : H. Langlois fils & Cie, 1827 & Paris : P. Pourrat frères et Bazouge-Pigoreau, 1834, vol.2, p.70)
    • J’ai la passion de la philosophie et de la science qui vont cherchant l’inconnu du cœur de l’homme et le pourquoi des lois de la vie.  (Octave Mirbeau, Contes cruels : La Chanson de Carmen (1882))
    1. (En particulier) Quant à la tendresse, l’amour et l’affection.
    2. (En particulier) Quant aux qualités morales liées à la compassion, vertu, générosité.
      • C'est la pauvreté d'esprit qui purifie le cœur des ordures dont les richesses l’ont souillé.  (Instruction chrétienne sur les huit Béatitudes par demandes et réponses, Paris : chez Witte & chez Henry, 1732, page 286)
      • Admirons deux fois l’homme chez qui le cœur et le caractère égalent en perfection le talent.  (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
      • À la vue de traitements aussi atroces que l’on fait éprouver aux chevaux de course, le cœur de tout homme sensé se révolte.  (Jean Déhès, Essai sur l’amélioration des races chevalines de la France, École impériale vétérinaire de Toulouse, Thèse de médecine vétérinaire, 1868)
      • […] le respect de la personne humaine, la fidélité sexuelle et le dévouement pour les faibles constituent les éléments de moralité dont sont fiers tous les hommes d’un cœur élevé — c’est même très souvent à cela que l’on réduit la morale.  (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chap. VII, La Morale des producteurs, 1908, p. 340)
  7. (Par extension) (Vieilli) Courage ; fermeté d’âme ; constance.
    • Rodrigue, as-tu du cœur ?  (Corneille, Le Cid)
    • Loin du danger, il ne rêve qu’exploits héroïques, entreprises surhumaines et gigantesques ; mais, quand vient le péril, son imagination trop vive lui représente la douleur des blessures, le visage camard de la mort, et le cœur lui manque […]  (Théophile Gautier, Le Capitaine Fracasse, vol. 1, Charpentier, 1871, p. 270)
    • Les Spartiates étaient petits en nombre, grands de cœur, ambitieux et violents ; de fausses lois n’en aurait tiré que de pâles coquins ; Lycurgue en fit d’héroïques brigands.  (Louis Thomas, Arthur de Gobineau, inventeur du racisme (1816-1882), Paris : Mercure de France, 1941, page 99)
  8. (Par extension) Personnage qui possède ces qualités de courage, de vaillance, etc.
    • Ne crains pas, Wilfrid, dit-il, de t’adresser à Richard Plantagenet, puisque tu le vois dans la compagnie de tant de vrais et vaillants cœurs anglais […]  (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
  9. (Figuré) Centre de l’affectivité par opposition à la raison, à l’esprit.
  10. Pensée intime, dispositions de l’âme.
    • Nul homme n’aurait eu l’œil assez perspicace pour sonder la profondeur de ces deux cœurs féminins : l’un jeune et généreux, l’autre sensible et fier […]  (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
    • Le langage du cœur. - Son cœur a parlé. - Son cœur démentait sa bouche.
    • Quand il vous offre ses services, on sent que cela sort du cœur, vient du cœur, part du cœur.
  11. (Familier) Sujet des affections de quelqu’un.
    • Ça va comme tu veux, mon cœur ?
  12. Ce qui rappelle la forme de l’organe.
    • Une croix d’or surmontée d’un cœur. - Une feuille en cœur, des pétales en cœur, etc.
  13. (Régionalisme) Bigarreau.
    • C’était des cœurs à chair épaisse, trop sucrée, du prime-fruit, de la friandise pour enfants […] Cette année, les arbres en ruisselaient, piaillant de merles et de pies.  (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 10)
  14. (Cartes à jouer) L’une des quatre enseignes d’un jeu de cartes, dans la tradition franco-anglaise. — Note : Le symbole du cœur est un triangle, pointe en bas, surmonté de 2 demi-cercles. Ce symbole est toujours rouge ().
    • Cette fois, le gentilhomme n’avait pas tourné un roi, mais le sept de trèfle. J’avais deux cœurs et trois atouts : le roi et l’as de cœur, l’as, le dix, et le neuf de trèfle.  (Gaston Leroux, L’Homme qui a vu le diable, 1908)
  15. (Par analogie) Milieu de quelque chose, particulièrement d’un état ou d’une ville, centre, parfois symbolique, d’un objet, d’un endroit.
    • Ce jeune gentilhomme, […] jetant un regard assez dédaigneux sur les nombreuses hôtelleries qui étalaient à sa droite et à sa gauche leurs pittoresques enseignes, laissa pénétrer son cheval tout fumant jusqu’au cœur de la ville […]  (Alexandre Dumas, La Reine Margot, C. Lévy, 1886)
    • Aux aventureux, l'Islande offre aussi l’attrait de l’inconnu. Le cœur de l’île, inhabité et inhabitable, est encore une terre incognito.  (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 3)
    • La commune de La Chapelle-Heulin se situe au cœur du vignoble nantais, au sud-est du département de la Loire-Atlantique.  (‎Petit Futé Loire-Atlantique 2015, p.180)
    • Cette pomme, cette poire est gâtée dans le cœur. - Le cœur de cet ananas est gâté. - Le cœur d’une laitue. - Les cœurs de céleri sont tendres.
    1. Armoiries avec 3 cœurs (sens héraldique a)
      (Héraldique) Meuble représentant un cœur stylisé (cardioïde) dans les armoiries. À rapprocher de cœur vendéen.
      • D’azur à une étoile d’argent accompagnée de trois cœurs d’or, qui est de la commune de Condat-sur-Gavaneix de Corrèze → voir illustration « armoiries avec 3 cœurs »
    2. Porte en cœur (sens héraldique b)
      (Héraldique) Centre de l’écu. Voir en cœur.
      • Abîme ou Cœur. Nom du centre de l’écu (I, 2, A).  (Johannes Baptist Rietstap, Armorial général : précédé d’un Dictionnaire des termes du blason, tome 1 (A–K), G. B. van Goor Zonen, Gouda, 1884)
      • Courtenay-ArrablayOrléanais (Ét. vers 1540). D’or à trois tourt. de gu., brisé d’un croiss. d’azur en cœur.  (Johannes Baptist Rietstap, Armorial général : précédé d’un Dictionnaire des termes du blason, tome 2 (L–Z), G. B. van Goor Zonen, Gouda, 1887)
      • Gironné de gueules et d’argent de douze pièces, à la porte de fort d’or brochant en cœur, qui est de la commune d’Eix de la Meuse → voir illustration « porte en cœur »
  16. (Sylviculture) Partie centrale du corps ligneux des arbres.
    • Le même jour, j’ai fait deux autres cylindres, l’un de cœur et l’autre d’aubier de chêne […]  (Œuvres complètes de Buffon, mises en ordre par Lacépède, t. 4, 1818, page 270)
    • Du cœur de chêne, de poirier, de cormier, etc. - Une table faite de cœur de noyer.
  17. (Technologie des réacteurs) Partie d’un réacteur nucléaire à fission dans laquelle est placé le combustible nucléaire et qui est agencée de manière à permettre une réaction de fission en chaîne.
  18. (Technologie des réacteurs) Quantité de combustible nucléaire située dans cette partie du réacteur.
  19. (Électronique) Cœur de processeur.
    • Processeur multi-cœur : processeur contenant plusieurs cœurs qui fonctionnent en parallèle.
  20. (Chemin de fer) Partie d’un aiguillage où se croisent deux rails.
  21. (Par extension) (Horlogerie) Dispositif en forme de cœur, inventé en 1862 par le suisse Adolphe Nicole et permettant aux chronographes de remettre rapidement l’aiguille à zéro d’une seule pression.
    • J'ai indiqué que, dans le chronographe, le cœur était l'organe capital. C'est, en effet, lui qui est chargé de ramener à zéro les aiguilles et de reconduire d'un bond la rattrapante sous sa compagne.  (Le Cosmos; revue des sciences et de leurs applications, du 3 octobre 1912, page 386)

Synonymes

Organe (1) :

Générosité, courage (3) :

Centre symbolique (7) :

En héraldique :

Dérivés

Proverbes et phrases toutes faites

Apparentés étymologiques

Vocabulaire apparenté par le sens

Holonymes

Méronymes

Coupe schématique du cœur humain (1)
Légende de l’illustration
  1. oreillette droite
  2. oreillette gauche
  3. veine cave supérieure
  4. aorte
  5. artère pulmonaire
  6. veine pulmonaire
  7. valve mitrale
  8. valve aortique
  9. ventricule gauche
  10. ventricule droit
  11. veine cave inférieure
  12. valve tricuspide
  13. valve sigmoïde
Autre

Traductions

Traductions à trier

Prononciation

  • \kœʁ\
    • France (Paris) : écouter « le cœur [lø kœʁ] »
    • France : écouter « cœur [kœʁ] »
    • France (Massy) : écouter « cœur [kœʁ] »
  • Canada : \kœːʁ\, \kaœ̯ʁ\
    • Canada (Montréal) : écouter « cœur [kaœ̯ʁ] »
  • (Région à préciser) : écouter « cœur [Prononciation ?] »
  • Suisse (Genève) : écouter « cœur »
  • France (Toulouse) : écouter « cœur »
  • France (Grenoble) : écouter « cœur »
  • France (Vosges) : écouter « cœur »
  • France (Lyon) : écouter « cœur »
  • France (Paris) : écouter « cœur »
  • France (Paris) : écouter « cœur »
  • France (Paris) : écouter « cœur »
  • France (Paris) : écouter « cœur »
  • (Région à préciser) : écouter « cœur »
  • France (Paris) : écouter « cœur »
  • France (Vosges) : écouter « cœur »

Homophones

Anagrammes

Voir aussi

  • cœur sur l’encyclopédie Wikipédia
  • cœur dans le recueil de citations Wikiquote

Références

  • « cœur », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971-1994 → consulter cet ouvrage
  • « cœur », FranceTerme, Délégation générale à la langue française et aux langues de France.
  • Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (cœur)
  • [1] Calvert Watkins, Dictionary of Indo-European Roots, Houghton Mifflin Harcourt, 2011, p. 42

Picard

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Étymologie

Du latin cor.

Nom commun

cœur \Prononciation ?\ masculin

  1. Cœur.

Composés

Références

  • Jean-Baptiste Jouancoux, Études pour servir à un glossaire étymologique du patois picard, 1880, vol. I
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