ironie

Voir aussi : Ironie

Français

Étymologie

(XIIIe siècle) Apparaît sous la graphie yronie. Emprunté au latin ironia, lui même du grec ancien εἰρωνεία, eirôneía  action d’interroger en feignant l’ignorance »), dérivé du participe présent ἔίρων (« qui interroge, et par extension qui feint l’ignorance ») du verbe ἔρομαιdemander, interroger »).
Le grec classique, essentiellement grâce à Platon et à Aristophane, possédait un système remarquablement complet et cohérent de termes créés par suffixation à partir du radical eirô-. Leurs équivalents modernes ironique, ironiquement, ironiste, ironiser, ironisme, ne rendent pas suffisamment compte de l’étymon « question faussement naïve » qui fonde l’ironie inventée par la fameuse maïeutique de Socrate.
L’ironia du latin classique ne garde de ses origines grecques que la notion de « fausseté » ; c’est une dissimulatio, c’est-à-dire une forme de plaisanterie ou de raillerie dissimulée sous un ton sérieux et qui consiste, par inversio verborum, à dire le contraire de ce qu’on veut dire.

Nom commun

SingulierPluriel
ironie ironies
\i.ʁɔ.ni\

ironie \i.ʁɔ.ni\ féminin

  1. (Rhétorique) Figure de rhétorique par laquelle on dit le contraire de ce qu’on veut faire entendre.
    • Ce compliment n’est qu’une ironie.
    • L’ironie abonde dans les lettres provinciales, dans les lettres persanes.
    • Il a une grande facilité à manier l’ironie.
    • Il y a un tour de Fiction, au moyen duquel la penſée ne doit pas être entendue littéralement comme elle eſt énoncée, mais qui laiſſe apercevoir le véritable point de vûe en le rendant ſeulement plus ſenſible & plus intéreſſant par la Fiction même. De là naissent l’Hyperbole, la Litote, l’Interrogation, la Dubitation, la Prétérition, la Réticence, l’Interruption, le Dialogiſme, l’Épanorthoſe, l’Épitrope, & l’Ironie ; celle-ci ſe ſoudiviſe, à raison des points de vûe ou des tons, en ſix eſpèces ; ſavoir, la Mimèſe, le Chleuaſme ou Perſifflage, l’Aſtéiſme, le Charientiſme, le Diaſirme, & le Sarcaſme.  (Encyclopédie méthodique : Grammaire et Littérature, tome second, Panckoucke / Plomteux, Paris / Liège, 1784)
    • Ces quatre sources sont 1° le besoin ; 2° le pléonasme ; 3° la métathèse ; 4° l’énallage. Parmi les figures de pensées, au nombre de dix-huit, il [Phœbammon] en distingue deux nées du besoin : l’aposiopèse et l’épitrochasmos ; six nées du pléonasme : la prodiorthose, l’épidiorthose, la procatalepse, la paralipse, la diotypose, l’épimone ; six nées de la métathèse : la prosopopée, l’éthopée, la figure appelée μιϰτόν, parce qu’elle tient de l’une et de l’autre, l’interrogation appelée έρώτησις, l’interrogation appelée πεύσις, et la prétérition ; quatre nées de l’énallage : l’ironie, la dubitation, l’allusion satirique, l’apostrophe.  (Étienne Gros, Étude sur l’état de la rhétorique chez les Grecs, Typographie de Firmin Didot Frères, Paris, 1835)
    • Quelque citation latine banale de ci, de là, un aphorisme philosophique ou pédagogique, une ironie forcée mais acerbe, rehaussent son prestige.  (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Des figures de style comme l’ironie introduisent la possibilité que l’orateur dise autre chose que ce qu’il pense, qu’il use de détours, qu’il cache le fond de sa pensée, voire qu’il mente.  (Marie de Gandt, Sous la plume. Petite exploration du pouvoir politique, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, page 152)
  2. Attitude sarcastique par laquelle on regarde les autres de haut.
    • Un malentendu existe entre lui et les simples mortels […] Il arbore superbement un scepticisme, un snobisme de décadence qui leur reste inaccessible et fermé. Son ironie naturelle les gêne et les déconcerte. Il est ennuyé, blasé […]  (Anatole Claveau, Le Tout-Paris, dans Sermons laïques, Paul Ollendorff, Paris, 1898, 3e éd., page 31)
    • J’ai rêvé d’un ironiste qui, un beau jour, tout à coup, perdait son ironie.  (Franc-Nohain [Maurice Étienne Legrand], Guide du bon sens, Éditions des Portiques, 1932)
    • Mon ironie, ce cynisme des eunuques volontaires, s'accompagne d'une fascination absolue pour les idées fixes des autres.  (Philippe Delaroche, Caïn et Abel avaient un frère, Éditions de l'Olivier / Le Seuil, 2000, page 15)
  3. Propos sarcastiques.
    • Lancelot du Lac — Je serai là dans peu de temps. Quand je rallumerai ce feu, Arthur sera mort. C’est tout, c’est simple, ça se passe de vos ironies.  (Kaamelot, livre V, épisode 28, Exsecutor)
    • Toutefois, dans son aveuglement judéophobique, il fait de cette ironie non pas un simple bon mot, fruit éphémère d'un jeu de manche rhétorique, mais une attaque en règle contre les Juifs de Rome.  (Philippe Borgeaud, À chacun sa religion, chapitre 11 de Exercices d’histoire des religions: Comparaisons, rites, mythes et émotions, textes réunis & édités par Daniel Barbu & Philippe Matthey, Boston : Brill, 2016, page 177)
  4. (Figuré) Ce qui, dans sa dérision ou sa contradiction, ressemble à une plaisanterie.
    • Le lieutenant-colonel du Paty de Clam est en prison. Ô lendemains des jours de victoire. Du Paty de Clam est en prison, et dans la propre cellule de Dreyfus, pour comble d’ironie.  (Georges Clemenceau, Au Cherche-Midi dans L’Aurore, 3 juin 1899, en réunion dans Justice militaire, Stock, 1901, page 96)
    • Il y a une grande ironie : on cherche la perle rare et on tombe sur quelqu’un de banal.  (Iegor Gran, Entretien avec Daniel Delattre, papyrologue : « Avec la technologie, on a l'impression de comprimer le temps », dans Charlie hebdo n° 1240 du 27 avril 2016, page 15)
    • Ironie de l’actualité, le procès de l’Union des banques suisses (UBS) s’est ouvert au début d’octobre à Paris, pour démarchage illicite de clients français.  (Mathilde Damgé, « Comment la France a raté le coche de la fin du secret bancaire suisse », Le Monde. Mis en ligne le 18 octobre 2018)

Dérivés

Apparentés étymologiques

Hyponymes

Traductions

Prononciation

  • France : écouter « ironie [i.ʁɔ.ni] »
  • Suisse (canton du Valais) : écouter « ironie [Prononciation ?] »
  • France (Toulouse) : écouter « ironie [Prononciation ?] »

Voir aussi

  • ironie sur l’encyclopédie Wikipédia
  • ironie dans le recueil de citations Wikiquote

Références

Espéranto

Étymologie

De ironia et -e.

Adverbe

ironie \i.ɾo.ˈni.e\

  1. Ironiquement.

Prononciation

Ido

Étymologie

De ironia et -e.

Adverbe

ironie \i.ˈrɔ.njɛ\

  1. Ironiquement.

Néerlandais

Étymologie

Du latin ironia.

Nom commun

Nombre Singulier Pluriel
Nom ironie
Diminutif

ironie \Prononciation ?\ féminin

  1. Ironie.
    • ironie wordt minder dan ooit geaccepteerd
      l’ironie est moins admise que jamais

Vocabulaire apparenté par le sens

Taux de reconnaissance

En 2013, ce mot était reconnu par[1] :
  • 97,5 % des Flamands,
  • 97,4 % des Néerlandais.

Prononciation

Références

  1. Marc Brysbaert, Emmanuel Keuleers, Paweł Mandera et Michael Stevens, Woordenkennis van Nederlanders en Vlamingen anno 2013: Resultaten van het Groot Nationaal Onderzoek Taal, Université de Gand, 15 décembre 2013, 1266 p. → [lire en ligne]


Tchèque

Étymologie

Du latin ironia.

Nom commun

Cas Singulier Pluriel
Nominatif ironie ironie
Vocatif ironie ironie
Accusatif ironii ironie
Génitif ironie ironií
Locatif ironii ironiích
Datif ironii ironiím
Instrumental ironií ironiemi

ironie \ɪrɔnɪjɛ\ féminin

  1. Ironie, sarcasme, humour méchant ou voilé.
    • Nemusí být provázena ničím, co by explicitně upozorňovalo, že se jedná o ironii. Elle n’est pas nécessairement accompagnée de ce qui pourrait explicitement indiquer qu’il s’agit d’ironie.
  2. Contradiction, ironie.
    • Ironií osudu několik dnů po skončení války zemřel při autonehodě. Ironie du sort : quelques jours après la fin de la guerre, il est mort dans un accident de voiture.

Synonymes

Apparentés étymologiques

Voir aussi

  • ironie sur l’encyclopédie Wikipédia (en tchèque) 
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