écorcher

Français

Étymologie

(1155) De l’ancien français escorcier, lui-même du bas latin excorticare, de cortex, « enveloppe, écorce ».

Verbe

écorcher \e.kɔʁ.ʃe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. (Vieilli) Dépouiller un animal de sa peau.
    • Son fripon de cuisinier n’est pas pour rien l’élève d’un Français ; il écorche un chat et le sert en guise de lièvre.  (Nicolas Gogol, « Les Âmes mortes », 1842, traduction de Henri Mongault, 1949)
  2. Supplicier certains condamnés en leur arrachant la peau en tout ou partie.
    • Écorcher vif.
  3. Déchirer, enlever une partie de la peau d’une personne, d’un animal, ou de l’écorce d’un arbre.
    • Je me suis écorché à la main.
    • La selle a écorché ce cheval.
    • Les charrettes en passant ont écorché cet arbre.
    • (Figuré)Ce soc est fort petit, et le coutre qui ne fait qu’écorcher la terre , pour ainsi dire ; à mesure que les sillons sont tirés, les laboureurs rompent les mottes avec de grosses maillottes de bois, […].  (Jean Chardin, Voyages du chevalier Chardin en Perse et autres lieux de l'Orient, 1686, édition conférée par Louis Mathieu Langlès, Paris, Le Normant, 1811, p.101)
    • Je suis tombée sur une pierre. De tout mon poids, j'ai mis une main devant moi mais trop tard. Mes genoux sont écorchés. J'ai un oeil bleu. Mathieu s'en amuse. Il m'appelle la "femme battue".  (Amanda Sthers, Rompre le Charme, 2012, édition Stock, collection Le Livre de Poche, 2012, p.106)
  4. (Par analogie) Être rude au palais, à la gorge, en parlant d’un aliment, d’une boisson.
    • Le pain de son, le pain dur écorche le gosier.
    • Ce vin est si âpre, qu’il écorche le palais.
  5. (Par analogie) Être rude à l’oreille, en parlant de paroles, de sons, entendus.
    • Un jargon barbare qui écorche les oreilles.
    • Une voix, une musique qui écorche les oreilles.
    • Ses leçons de musique du couvent ne lui servaient plus qu’à écorcher les couplets de bouffonneries nouvelles.  (Émile Zola, La Curée, 1871)
  6. Parler mal, prononcer mal les mots, être loin de maîtriser une langue, la rudoyer.
    • Écorcher une langue.
    • Écorcher un mot, le nom de quelqu’un.
    • Car mon mari [...], voyant entrer dans notre chambre un gentilhomme gênois, lequel écorchait un peu le français, lui demanda : "Monsieur, vous plaît-il quelque chose ?"  (Gérard de Nerval, Les Filles du feu, Angélique, 1854)
  7. (Sculpture) Rectifier l’épaisseur d’une ébauche avant de préparer le moule de fonderie.
  8. (Figuré) (Familier) Exiger beaucoup plus de quelqu’un qu’il n’est équitable ou raisonnable pour des droits, des salaires, des vacations, pour des marchandises, des fournitures.
    • Je leur conseille vivement de ne pas se loger à l'Hôtel de Florence, car c'est le premier de l'Amérique où, jusqu'ici, j’aie été écorché…, comme si j'avais été un castor ou une loutre.  (Léon de Tinseau, Du Havre à Marseille par l'Amérique et le Japon, Paris : Calmann-Lévy, 1891)
    • Cet homme d’affaires écorchait ses clients.
    • Ce marchand est raisonnable, il n’écorche pas ses pratiques.
  9. (Figuré) Tenir des propos malveillants à l’égard de quelqu’un.
    • Écorcher son prochain.

Dérivés

Proverbes et phrases toutes faites

  • il faut tondre les brebis, et non pas les écorcher (il ne faut pas tuer la poule aux œufs d’or)
  • jamais beau parler n’écorcha la langue (il est toujours bon de parler honnêtement)

Vocabulaire apparenté par le sens

Traductions

Prononciation

Anagrammes

Références

  • Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (écorcher), mais l’article a pu être modifié depuis.
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