marotte

Français

Étymologie

(1468) Apparait avec le sens de « image de la vierge Marie ». Diminutif[1] de Marie → voir mariole.
Le sens de « sceptre grotesque » pourrait provenir de mérotte (« petite mère, petite poupée ») ou de mariotte, marie (« poupée »)[2], de Marie (« statuette de la vierge Marie »), et donne par extension le sens de « marionnette sur un baton ».
Le sens de « tête en bois pour modistes » est présent dans le Larousse illustré de 1902, par extension du sens de « buste en carton pour dresser les coiffes » (1765)[1], probablement par extension du sens de « poupée, marionnette ».
Le sceptre grotesque étant l'attribut du fou du roi, la marotte (par extension figurée) prend aussi le sens de « objet d’une passion folle », attesté en 1618 et 1639[1][2].

Nom commun

SingulierPluriel
marotte marottes
\ma.ʁɔt\
Le fou du roi tenant une marotte (1540). (1)
Une marotte. (2)
Une marotte sous un chapeau. (3)
La personne qui habite ici a-t-elle la marotte des livres ? (4)

marotte \ma.ʁɔt\ féminin

  1. Sceptre de la folie, surmonté d’une tête grotesque coiffée d’un capuchon bigarré de différentes couleurs et garnie de grelots[3].
    • Mon bonnet de fou me servait de casque, et ma marotte de bâton.  (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • Voici venir la Saint-Martin et ses brandons, Noël et ses bougies, le jour de l’an et ses joujoux, les Rois et leur fête, le Carnaval et sa marotte.  (Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, 1842)
    • Dès que le jour tombe, les clochers deviennent foules et font danser leurs carillons comme des grelots de marottes.  (Alphonse Daudet, Paysages d’insurrection, dans Contes du lundi, 1873, Fasquelle, collection Le Livre de Poche, 1974, p. 89.)
  2. (Par extension) Marionnette dont la tête est fixée sur un bout de bois.
  3. (Par extension) Tête en bois, en carton ou en cire, dont se servent les modistes et les coiffeurs pour exposer leurs modèles.
  4. (Familier) (Figuré) Idée fixe, opinion, sentiment dont on s’est engoué, qu’on adapte à toutes les circonstances et dont on ne cesse de parler.
    • Les gens raffolent de voir leur blase gravé. Ça les mène au cimetière, cette marotte.  (San Antonio, Réflexions définitives sur l'au-delà , S-A 9 , Fleuve noir, 2000)
    • C'est pour vous faire plaindre, vous donner bonne conscience, vous distinguer ! C'est votre petite marotte !  (Réjean Ducharme, L'hiver de force, Gallimard, 1973, p. 66)
    • Si je vous montrais ma volumineuse correspondance, vous verriez que l’un de nos plus grands anthropologues émet l'idée de mettre directement le sanscrit à contribution pour la formation des mots nécessaires à une langue universelle. Un autre, un de nos géographes les plus distingués, voudrait que l’on prit tout simplement l’anglais - opinion qui est généralement répandue en Allemagne - mais, comme je l’expliquerai bientôt dans la deuxième brochure que je vais faire paraître, cette idée doit être abandonnée. Un troisième, agrégé d’une des Universités les plus importantes de Hollande, tient absolument à prendre comme base le grec. Chacun, comme on le voit, a sa petite marotte.  (Léopold Einstein, Volapük et Lingvo Internacia, 1889)
  1. (Marine) Tableau avant d'un dériveur dont l'étrave est tronquée.
  2. (Normandie) (Vieilli) Petite fille.
  3. (Tonnellerie) Chevalet de tonnelier, banc possédant une sorte de valet pour bloquer les bois, et que l'on maintient serré avec la force des pieds.
    • Souvent désigné sous le nom de selle à tailler ou de marotte, est l'instrument dont le tonnelier se sert le plus fréquemment. C'est un banc surmonté d'un support en bois qui sert à l'ouvrier à maintenir les planches qu'il doit tailler.  (R. Brunet, Manuel de Tonnellerie, Baillières, Paris 1925.)

Synonymes

Traductions

Prononciation

  • \ma.ʁɔt\
  • Normandie (France) : écouter « marotte [ma.ʁɔt] »

Anagrammes

Voir aussi

Marotte (carnaval) sur l’encyclopédie Wikipédia

Références

  1. « marotte », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971-1994 → consulter cet ouvrage
  2. Auguste Scheler, Dictionnaire d’étymologie française d’après les résultats de la science moderne, 1862
  3. Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (marotte)
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