croire

Français

Étymologie

Du moyen français croire, de l’ancien français creire, croire, du latin crēdĕre  confier en prêt ; avoir confiance »), le sens religieux s’est développé pendant l’ère chrétienne.

Verbe

croire \kʁwaʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se croire)

  1. Tenir pour véritable.
    • Je crois que les disputes théologiques sont à la fois la farce la plus ridicule et le fléau le plus affreux de la terre, immédiatement après la guerre, la peste, la famine et la vérole.  (Abbé de Saint-Pierre, cité par Voltaire, Dictionnaire philosophique ; article Credo)
  2. (En particulier) (Absolument) (Religion) Avoir la foi et recevoir avec soumission d’esprit tout ce que la religion enseigne.
    • Je vis une foule prodigieuse de morts qui disaient : "J'ai cru, j'ai cru" ; mais sur leur front il était écrit : "J'ai fait" ; et ils étaient condamnés.  (Voltaire, Dictionnaire philosophique ; article Dogmes.)
    • Le Christianisme romain tend alors à n'être qu'un formalisme rituel, pour lequel l'idéal du fidèle devient le bon paroissien qui pratique et qui croit sans discussion.  (Louis Rougier, Histoire d'une faillite philosophique: la Scolastique, 1925, éd. 1966)
    • Ai-je cru vraiment, à cette époque ? Il me semble que j’ai marché dans la chose de la sainte religion, comme dans les images d’Épinal, ou dans mes bouquins de contes de fées à tranches dorées.  (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 247)
    • Vivre comme un dieu exige que l’on cesse de croire aux dieux. Ainsi, la leçon des épicuriens est que la philosophie change les hommes en dieux en leur enseignant qu’il n'y a pas sur cette terre d’autres dieux qu’eux-mêmes dès lors qu’ils auront cessé de croire et vainement d’espérer.  (Robert Redeker, Les épicuriens, professeurs de liberté, dans Marianne du 5 au 11 février 2011, page 72-73)
  3. Tenir pour sincère ou véridique.
    • C’est un menteur avéré, on ne le croit plus, il ne peut plus se faire croire.
  4. S’en rapporter à quelqu’un, à quelque chose.
    • A l'en croire, c’était lui qui dansait, qui levait la jambe, qui se dandinait, tellement il se donnait de mal pour communiquer à ces merveilleuses mais stupides créatures un peu du feu sacré dont il les prétendait dépourvues.  (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Si vous m’en croyez, vous ne ferez pas cela.
  5. Tenir pour vraisemblable, réel ou possible.
    • Pour un peu, on aurait cru être sur le plancher des vaches. Un seul coup d'œil par-dessus la rambarde remettait les pendules à l'heure. Il y avait déjà deux jours que le bateau filait vers le grand Nord, à la vitesse maintenue de vingt nœuds.  (Jean Lhassa, Dernières nouvelles d'ailleurs, Éditions Publibook, 2009, page 209)
    • Aucune trace d’effraction, rien de forcé, pas d’empreintes digitales ni d'ADN étranger au personnel. Rien ! À croire que les types ont opéré en scaphandre.  (Jérémie Lebrunet, Alice et le Crédit solidaire, Éditions Destination Futur, 2013, partie 2)
  6. Penser, estimer, s'imaginer, présumer.
    • Il était entièrement vêtu de casimir noir, ainsi qu’il convient à un notaire. Mais comme on se trouvait au plus fort de l’été, M. Bernard avait cru pouvoir égayer sa tenue sévère d’une ombrelle d’alpaga blanc.  (Octave Mirbeau, La mort du chien )
    • Parce que l’astronomie parvenait à calculer les tables de la lune, on a cru que le but de toute science était de prévoir avec exactitude l’avenir; […].  (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap.IV, La grève prolétarienne, 1908, p.190)
    • Une heure auparavant, j’avais cru que Mauricette serait l’héroïne de mon aventure... Sa mère m’enflammait dix fois davantage.  (Pierre Louÿs, Trois filles de leur mère, René Bonnel, Paris, 1926, chapitre II)
    • Recule vite, cherche le dur, le sec, ou tu es perdu. Tu croiras t’échapper en avançant […]. Tu t’enfonces davantage […].  (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Les feuilles éparses autour des crottes m'incitèrent à croire qu'il avait même pris le soin de se torcher l’oignon.  (Jean Delou, Le safari sanglant, Éditions du Scorpion, 1961, page 99)
  7. (Populaire) Croire naïvement, être trop optimiste.
    • Tu pensais qu'il allait t'écouter ? T'as cru ou quoi ?
    • Nan mais le mec il a trop cru que j'allais le laisser copier sur moi...

croire \kʁwaʁ\ intransitif

  1. Ajouter foi à quelqu’un ou à quelque chose ; s’y fier.
    • A moins, peut-être, que l’écroulement de leur rêve ne vînt à les ramener l’une vers l'autre. Mais elles croyaient toutes deux à leur but, les désabusées et les meurtries; elles y croyaient avec la même ferveur, la même volonté.  (Béatrix Rodès, Les errantes, Édition Revue Helvétique, 1902, p. 210)
    • Qu'un musulman croie la viande de porc immangeable, l’alcool imbuvable, la chevelure d'une femme obscène par définition, blasphématoire la représentation du visage d'un prophète qui fut un homme, libre à lui.  (Michel Onfray, La philosophie féroce, II : Traces de feux furieux, éditions Galilée, 2006, p. 114)
    • Il proteste de son innocence, mais je n’y crois pas.
    • J’avais à voir un ami à Angers ; bon et brave jeune homme à la tête ardente et au cœur pur, qui a encore des années à croire à tout, puis qui finira comme les autres, mais seulement plus tard que les autres, par ne plus croire à rien.  (Alexandre Dumas, La Vendée après le 29 juillet, La Revue des Deux Mondes T.1, 1831)
  2. Avoir confiance en quelqu’un, en ses talents, en sa parole.

se croire (Pronominal)

  1. S'imaginer.
    • Des landes, des rocs stériles, çà et là une bande de pâturage aromatique et dru, quelques champs pierreux, partout des oliviers : on se croirait dans notre Provence.  (Hippolyte Taine, Voyage en Italie, vol.2, 1866)
  2. (Familier) Être vaniteux.

Dérivés

Traductions

Traductions à trier

Nom commun

croire \kʁwaʁ\

  1. (Par substantivation) (Didactique) (Philosophie) Phénomène par lequel l'individu ou une collectivité a tendance à croire à quelque chose de l'ordre du spirituel.
    • N'assiste-t-on pas, durant les années 1960, comme le croit le philosophe Marcel Gauchet, à une « révolution du croire »? Les attentes spirituelles disparaissent-elles ou sont-elles investies ailleurs?  (Éric Bédard, Recours aux sources, Montréal, Boréal, 2011, p. 143)

Prononciation

  • \kʁwaʁ\
    • France (Paris) : écouter « croire [kʁwɑʁ] »
  • Français méridional : \ˈkʁwa.ʁə\
  • Canada : \kʁwɑːʁ\
    • Québec (Gaspésie) (Familier) : écouter « croire [kʁwɛːʁ] »
    • Québec (Gaspésie) (Familier) : écouter « croire [kʁɛːʁ] »
    • Québec (Gaspésie) (Familier) : écouter « croire [kʀeʁ] »
  • (Acadie, Gaspésie) \kʁeʁ\), ce qui correspond à l’orthographe de « croire » (creire) au XIIe siècle en ancien français [2].
  • France (Brétigny-sur-Orge) : écouter « croire »

Anagrammes

Voir aussi

Références

  • [1]Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (croire)
  • [2]Hubert Mansion, 101 mots à sauver du français d'Amérique, Les éditions Michel Brûlé, Boisbriand, 2008
  • « croire », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971-1994 → consulter cet ouvrage

Ancien français

Verbe

croire \Prononciation ?\

  1. Variante de creire.

Picard

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Étymologie

Du latin crēdĕre (« croire »).

Verbe

croire \kʁwɛʁ\~\kʁweʁ\ (?)

  1. Croire.
  2. pronominal se croire : avoir grande estime de soi-même, se prendre pour quelqu’un

Dérivés

Références

  • Jean-Baptiste Jouancoux, Études pour servir à un glossaire étymologique du patois picard, 1880, vol. I
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