sourdement

Français

Étymologie

(XIIe siècle) Dérivé de sourd, par son féminin sourde, avec le suffixe -ment.

Adverbe

Invariable
sourdement
\suʁ.də.mɑ̃\

sourdement \suʁ.də.mɑ̃\ invariable

  1. D’une manière sourde, peu retentissante.
    • Elle [la mer] grondait sourdement, et ses flots n’étaient presque plus que comme les sillons qu’on trouve dans un champ labouré.  (Fénelon, Les Aventures de Télémaque, VI)
    • Quelque temps après, les malades croient entendre la voix d’Esculape, soit qu’elle leur parvienne par quelque artifice ingénieux, soit que le ministre, revenu sur ses pas, prononce sourdement quelques paroles autour de leur lit […]  (Auguste Marseille Barthélemy, Voyage d’Anacharsis en Grèce, ch. 53)
    • Tantôt court sur la plage un long mugissement,
      Et les noires forêts murmurent sourdement.
       (Jacques Delille, Géorgiques I)
  2. (Figuré) D’une manière secrète et cachée.
    • La reine prit ce conseil en bonne part, et Frédégonde se mit à préparer sourdement, à force d’intrigues, le piège qu’elle voulait lui dresser.  (Augustin Thierry, Récits des temps mérovingiens, 1er récit : Les quatre fils de Chlother Ier — Leur caractère — Leurs mariages — Histoire de Galeswinthe (561-568), 1833 - éd. Union Générale d’Édition, 1965)
    • La femme de l’ami [la reine] a fort pleuré ; on a dit sourdement qu’elle irait au voyage, si son mari y allait.  (Marquise de Sévigné, 10 juillet 1676)
    • Ainsi tout ce qu’on fait contre M. de Cambrai est un attentat ; tout ce qu’il fait sourdement est bon.  (Jacques-Bénigne Bossuet, Passages éclaircis, avertissement)
    • Cette fatalité [les lois contre les protestants], destructive de la population, de la paix et du bien de l’État, réputée autrefois nécessaire, désole sourdement la France depuis près de cent années.  (Voltaire, Réflexions philosophiques sur le procès de Mademoiselle Camp, 1772)
    • […] il [Maupertuis] a fait son métier de perfide, en intéressant sourdement l’amour-propre du roi [Frédéric II] contre moi.  (Voltaire, Lettre à M. le Comte d’Argental, 26 février 1753)
    • Votre discours est si beau, que le cardinal de Fleuri vous aurait persécuté, mais sourdement et poliment, à son ordinaire.  (Voltaire, Lettre à M. de La Harpe, 4 septembre 1771)
    • Les financiers les plus riches jouissaient sourdement de leur opulence.  (Charles Pinot Duclos, Œuvres, t. x, p. 7)
  3. (Figuré) D’une manière peu éclatante, peu marquée.
    • Il [un oiseau] a tout le dessus du corps olivâtre foncé, varié sourdement par des ondes d’un brun plus sombre.  (Georges-Louis Leclerc de Buffon, Oiseaux t. XII, p. 13)

Traductions

Prononciation

Références

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