rasibus

(1398)  ^[5] Du moyen français rasibus (« sens 1 »), de ras, du latin rasus (« rasé, tondu »), suivi de la désinence de l’ablatif pluriel de la troisième déclinaison latine -ibus. Apparu tout d’abord dans l’expression faire rasibus (sens 1)  ^[1], il s’employa figurativement (fin XV) dans passer rasibus (sens 2 et 4)  ^[2]. Ce mot est attesté par l’Académie depuis 1694. Anciennement préposition avec un unique sens, le mot est décrit comme un adverbe polysémique depuis la huitième édition du dictionnaire de l’Académie française.

Fréquence d’usage du mot dans la littérature référencée dans Google Livres pour la période 1500-2008 :

rasibus \ʁa.zi.bys\

Têtes de moines ratiboisées rasibus (1).

Verre de bière rempli rasibus (2), rasibus au mur (3).

Médor ! Viens ici rasibus (4) !

1. (Populaire) À ras, très court, en parlant d’une coupe (en particulier de cheveux).
   • Savoir si, de même que jadis ceux de l’hébreu, les cheveux du Gall avaient été coupés rasibus?— (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 165)
   • Il aurait l’air moins con s’il s’était carrément rasé le crâne rasibus.— (Cavanna, Les Russkoffs, Caen, L.-O. Four, 1981, p. 46)
2. (Familier) À ras bord.
   • Cela leur passe rasibus du goulier. — (François Béroalde de Verville, Le Moyen de parvenir, s. l., s. d. (1650), p. 129)
   • Parce que si t’as un quart qui tient juste un quart, pour qu’ tu ayes un quart de jus, de vin, ou d’eau bénite ou d’ n’importe quoi, i’ faut qu’on l’emplisse rasibus et on l’ fait jamais.— (Barbusse, Feu, 1916, p. 194)
3. (Vieilli) (Figuré) À proximité, auprès de, tout près, tout contre.
   • Tic, tac, toc, per aci, per entre les zambes, sous les esselles, rasibus les aureilles.— (D’Aubigné par Sewrin en 1806, p. 39)

     Tic, tac, toc, par ici, par entre les jambes, sous les aisselles, rasibus aux oreilles.

   • La mère Fadet (…) demeurait tout au bout de la Joncière, rasibus du chemin qui descend au gué.— (Sand, La Petite Fadette, 1849, p. 67)
   • Car la porte le prit rasibus à l’oreille— (Dans le Baron de la Crasse, une pièce de Belleroche en 1662)
   • La balle me passa rasibus de l’oreille. — (Champmeslé, le Parisien, IV, 2, XVII^e siècle, dans Littré)
4. (Figuré) Tout de suite, dans l’immédiat.
   • La Durande est revenue ! Les tempêtes ont beau avoir de la méchanceté, ça la leur coupe rasibus. Mes amis, je vous annonce qu’il n’y a plus de naufrages.— (Hugo, Les Travailleurs de la mer, 1866, p. 421)

• risibus (préposition  ^[3])

• razibus

• ras  ^[3]
  • rasage
  • rasoir
• rase  ^[3]
• raser ^[3]
• rasette  ^[3]
• rasiette  ^[3]
• rez  ^[3]
  • raise
  • rège

• faire rasibus
• passer rasibus
• Rasibus (Le Rasibus, Ou le Proces Fait à la Barbe des Capucins  ^[4])

• courtement, à zéro
• à ras, au ras, au bord
• près, proche, à proximité
• maintenant, tout de suite, de suite, immédiatement

• \ʁa.zi.bys\, le \s\ n’était pas prononcé jusque vers le milieu XIX^e siècle ^[3]. Désormais, il l’est.

• bruissa
• subiras

Références

^[1] : Eustache Deschamps, Œuvres, édition Queux de Saint-Hilaire, tome 6, page 226

^[2] : Philippe de Commynes, Mémoires de Philippe de Commynes, éditeur Jean Calmette, tome 1, page 30

^[3] : Hippolyte François Jaubert, Glossaire du centre de la France, 1855, page 244

^[4] : Le Rasibus, Ou le Proces Fait à la Barbe des Capucins par un Moine défroqué en 1680, imprimé par Pasquin Reʃuʃcité à Cologne lire en ligne

^[5] : Petit Robert, 1976, Alain Rey, page 1464

Sources

• « rasibus », dans Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872-1877 → consulter cet ouvrage
• Tout ou partie de cet article est extrait des Dictionnaires de l’Académie française (rasibus), mais l’article a pu être modifié depuis.
• « rasibus », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971-1994 → consulter cet ouvrage

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rasibus

1. Rasibus, tout contre, tout près.

• François Raynouard, Lexique roman ou Dictionnaire de la langue des troubadours, comparée avec les autres langues de l’Europe latine, 1838–1844

(1398)  ^[1] De ras, du latin rasus (« rasé, tondu »), suivi de la désinence de l’ablatif pluriel de la troisième déclinaison latine -ibus.

rasibus \Prononciation ?\

1. À ras, très court, en parlant d’une coupe.
   • Je vous luy coupperay les couillons tout rasibus du cul. — (Rabelais, Gargantua et Pantagruel, 1546)

     Je lui couperai les couilles au ras du cul [à ce type].

   • L’un appelé Bibienus qui coupa […] rasibus.— (Du Fail, 1547, Propos rustiques de maistre Léon Ladulfi, p. 408, dans Hippolyte-François Jaubert, Glossaire du centre de la France, p. 565, 1864)
   • Il prend son arc et sa flesche, et vous descoche rasibus l’image du saint.— (Bonaventure Des Périers dans Contes, p. 522, XVI^e siècle, dans Littré)

• raiſibus

• Français : rasibus

^[1] : Petit Robert, 1976, Alain Rey, page 1464

• « rasibus », dans Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500), 2010, 4^e édition → consulter cet ouvrage